parfois de nausées, de vertiges, et d'un ralentissement du rythme
cardiaque.
En cas d'usage répété, le plaisir intense des premières consommations ne
dure en général que quelques semaines. Cette phase peut être suivie d'un
besoin d'augmenter la quantité du produit et la fréquence des prises. La
place accordée à cette consommation est telle qu'elle modifie la vie
quotidienne de l'usager. Des troubles divers apparaissent dont l'anorexie
et l'insomnie. La dépendance s'installe rapidement dans la majorité des
cas. L'héroïnomane oscille entre des phases " euphoriques " (lorsqu'il est
sous l'effet de l'héroïne) et des phases de manque où il apparaît anxieux,
agité.
La dépendance à l'héroïne entraîne des risques sociaux importants. Elle
enclenche un processus de marginalisation chez certains usagers.
L'héroïne est un produit illicite.
Soins et traitements de substitution
A défaut de pouvoir parvenir à l'abstinence, l'héroïnomane peut bénéficier
de soins(sevrage, suivi psycho-social) et d'un traitement de substitution.
Celui-ci a pour objectif de stabiliser la dépendance de manière médicale et
légale. Ces traitements à la Méthadone ou au Subutex sont administrés par
voie buccale. Ils sont prescrits soit dans les centres de soins spécialisés
aux toxicomanes, soit en médecine de ville.
Le bilan des programmes de substitution montre une amélioration notable de
l'état de santé des personnes ainsi que de leur stabilisation sociale et de
leur insertion professionnelle. Parallèlement, entre 1994 et 1998, le
nombre de surdoses mortelles a fortement diminué, passant de 564 à 143,
dont 92 à l'héroïne (les autres décès étant liés aux polyconsommations).
En 1888, un chimiste allemand préconise d'employer l'héroïne synthétisée
pour soigner la tuberculose. Médication " héroïque ", elle est considérée
comme susceptible de se substituer à la morphine dans le traitement des
douleurs et de la toux. Rapidement, son utilisation est abusive.
En 1923, la Société des Nations déclare le produit dangereux et de faible
intérêt thérapeutique. En 1924, l'utilisation non médicale de l'héroïne est
prohibée aux Etats-Unis ; elle y sera totalement interdite en 1956 et en
1963 en France. Certains pays continuent à l'utiliser dans les pratiques
médicales. Son utilisation légale est variable selon les pays. Sa
prescription est prohibée en France ; elle est expérimentée dans certains
pays, notamment la Suisse et l'Australie, dans le cadre d'une politique de
réduction des risques.
Consommation : les chiffres d'une réalité française
. 0,5% des adultes de 18 à 44 ans (160 000 personnes) déclarent avoir
consommé de l'héroïne dans leur vie, cette consommation étant sans
doute sous-déclarée.
Des méthodes de calcul, utilisant des indicateurs indirects de la
consommation conduisent à une estimation du nombre de consommateurs
réguliers (usage nocif et / ou dépendance) situé entre 140 000 et 170 000
personnes.
Les trois quarts des usagers de drogues ayant recours aux structures
spécialisées en toxicomanie et aux établissements sanitaires sont des
consommateurs d'héroïne. L'âge moyen de ces usagers est de 30 ans.
92 décès par surdose à l'héroïne ont été enregistrés par les services de
police en 1998. L'héroïne est le produit en cause dans près de 9% des
interpellations pour usage et usage revente (7 500 personnes) en 1998. Le
nombre de ces interpellations est en forte diminution depuis quelques
années (plus de 17 000 interpellations en 1994). L'âge moyen des usagers
d'héroïne interpellés était de 28 ans.
1 350 personnes ont été interpellées pour trafic d'héroïne en 1998, chiffre
également en diminution depuis 1996.
Il y a aujourd'hui environ 60 000 personnes sous traitement de
substitution.
Tendance statistique : la consommation d'héroïne est en diminution.
Adolescence et expériences
Première cigarette, première ivresse, premier amour, première relation
sexuelle : l'adolescence est le temps des premières expériences. Ces essais
passent par des excès, qu'ils soient " bruyants " (attitudes provocatrices)
ou " silencieux " (repli sur soi). Ces manifestations ne signifient pas à
priori que l'adolescent est en difficulté.
Pendant cette période d'hésitations (entre recherche d'autonomie ou
maintien de la dépendance vis-à-vis des parents), compliquée à vivre pour
l'adolescent comme pour son entourage, il s'agit pour les parents de
maintenir et de défendre les valeurs qui leur semblent importantes, tout en
dosant leurs interventions et l'affirmation de leur autorité.
S'il est indispensable de marquer les limites et de mettre en garde un
adolescent contre les dangers qu'il peut courir, il est tout aussi
nécessaire de le valoriser, de l'encourager, et de favoriser ses contacts
avec l'extérieur. Aider un adolescent à trouver ses forces personnelles est
aussi essentiel pour lui que de connaître les limites posées par les
adultes et particulièrement s'il manifeste une attitude de repli et qu'il
éprouve un besoin important de confiance et d'estime de lui-même.
Est-ce que c’est la curiosité des jeunes qui les amènent à la
toxicomanie? La curiosité peut donner l'envie "essayer pour voir"; mais une
seule consommation ne signifie pas "s'accrocher". Dès le plus jeune âge, la
curiosité, c'est surtout l'envie et le besoin de découvrir, de grandir, de
se développer, d'apprendre. Cela n'a alors rien de négatif !
Cependant, si une seule prise de drogue ne veut pas dire être toxicomane,
cela ne donne pas carte blanche pour essayer ! Toute consommation de drogue
comporte un risque ! Les jeunes qui n'arrivent pas à assumer les exigences
de la vie actuelle, qui souffrent de multiples problèmes et qui manquent de
soutien de la part des adultes et de l'entourage risquent, plus que les
autres, d'utiliser les drogues et en devenir dépendants.
L’usage de la drogue est fortement lié aux difficultés des jeunes dans leur
vie familiale ou sosiale.
Mais il ne faut jamais dire que c'est la faute des parents si un jour leur
enfant devient dépendant. Cette affirmation n'est pas acceptable!
Les effets, les risques et les dangers des drogues (substances
psychoactives) varient suivant les produits et l'usage que l'on en fait.
Les raisons pour lesquelles chacun peut etre amené à en consommer diffèrent
selon chaque individu, son histoire, son état de santé, son environnement
familial et social.
Les toxicomanes ont souvent une vie de famille pauvre : un sur deux a des
parents séparés ; 17% ont perdu leur père, 7% leur mère. Beaucoup ont en
outre des difficultés scolaires ou proressionnelles ; à 18 ans, 16%
seulement sont encore scolarisés (contre 75% dans l’ensemble de la
population) et plus de la moitié sont chomeurs ou sans activités. Ils se
tournent alors vers les paradis artificiels, sans savoir qu’il leur ouvrent
les portes de l’enfer.
Il est significatif que l’image que les jeunes drogués ont d’eux-memes
est beaucup moins favorable que celle des non-drogués. Des enquetes
montrent que les premiers se jugent plus pessimistes, tristes, inquiets,
énervés, fantaisistes, paresseux, dépensiers, mal organisés, sans ambition,
mal dans leur peau. Meme ceux qui ne consomment que des drogues “licites”
(alcool, tabac, médicaments psychotropes) sont plus nombreux à avoir le
cafard que ceux qui n’en utilisent pas (55% contre 21%). Ils sont meme 13%
à avoir des idées de suicides, contre 3% des non-consommateurs. Il n’y a
pas de drogués heureux.
On dit souvent:”Ces jeunes ont tellement de problèmes; ce n'est pas
étonnant qu'ils se droguent”.Mais quand meme si toutes les personnes qui
ont des difficultés se droguaient, le monde entier serait toxicomane! La
plupart des adultes et des adolescents savent bien que les drogues ne vont
pas les aider à résoudre leurs problèmes. Un jeune qui a appris à affronter
ses problèmes, au besoin avec le soutien de son entourage,parents ou amis,
ne cherchera pas à utiliser les drogues pour fuir. Les situations qui
paraissent lourdes, sans issue, seront vécues comme un défi à dépasser et
non comme une menace insurmontable.
Chaque personne instaure une relation unique à l'autre , développe des
stratégies pour éprouver du plaisir ou pour ne pas souffrir. La
consommation des substances psychoactives occupe une place dans ces
stratégies. Aucune recette n'existe donc pour éviter qu'un individu, et en
particulier une personne jeune, ne fasse usage de substances psychoactives.
L'adolescence est l'âge de tous les possibles, des expériences et des
rencontres. Ce qui peut être vécu dans un moment particulier, peut ne pas
prendre un caractère définitif, rien ne sert de dramatiser un essai, une
erreur. Dans une période de crise, il s'agira pour l'adulte de trouver le
bon moment pour se faire entendre, et adopter une attitude appropriée.
S'il n'y parvient pas, il peut rechercher l'appui de personnes compétentes.
(voir encadré les lieux d'aide et de soins).
Dire non à un jeune enfant qui s'apprête à faire quelque chose de dangereux
ou d'interdit, dire non à un adolescent sans avoir peur d'exercer son
autorité, sont des attitudes éducatives importantes. Refuser ou fuir les
conflits ne résout pas les problèmes.
Les enquêtes récentes réalisées auprès des jeunes révèlent que le dialogue
parents - adolescents tient une place capitale dans le comportement
tabagique des jeunes : les adolescents déclarant avoir une communication
facile avec leurs parents sont plutôt moins nombreux à fumer (21,9 %) alors
que ceux qui affirment qu'il est difficile de parler avec leurs parents de
choses qui les préoccupent vraiment sont 30,5 % à fumer du tabac
régulièrement. Inciter l'adolescent à retarder le plus tard possible
l'expérimentation du tabac et de l'alcool, peut atténuer le risque d'un
comportement d'usage nocif ou de dépendance
Tout comme un verre de vin ne fait pas l'alcoolique, une cigarette ne fait
pas le tabagique, un adolescent qui fume occasionnellement du cannabis
n'est pas un toxicomane ! Cette consommation ne l'entraînera pas forcément
dans " l'escalade " vers des produits de plus en plus dangereux. Les
proches peuvent aider à cette prise de conscience en donnant des
informations de base claires, précises et exactes destinées à l'aider à
évaluer ses vulnérabilités et ses points forts. Face à une offre de
produits et à l'influence de la consommation de l'entourage, il est alors
plus facile de faire des choix responsables.
Pour certaines personnes, se faire aider momentanément paraît nécessaire.
Il est possible de convaincre quelqu'un qui se sent mal après une
consommation d'ecstasy par exemple de consulter, de voir une personne de
confiance pour en parler et obtenir un soutien psychologique ou médical.
Par ailleurs, les consommations abusives et les dépendances font partie le
plus souvent d'un ensemble de symptômes : anorexie, boulimie, idées et
conduites suicidaires, troubles du comportement… Elles sont l'expression de
souffrances, de difficultés passagères ou plus profondes qu'il s'agit de
prendre en compte au cas par cas.
EN ENQUETE SUR LES CONDUITES DEVIANTES DES LYCEENS QUETE SUR LES CONDUITES
DEVIANTES DES LYCEENS
En 1997, parmi les lycéens (de 15 à 20 ans), 30 % ont, durant l'année, pris
des médicaments contre la nervosité, l'angoisse, ou pour mieux dormir (dont
10 % plus ou moins régulièrement). Les filles sont deux fois plus souvent
concernées (41 %) que les garçons (18 %).
10 % des lycéens boivent régulièrement des boissons alcoolisées et 63 %
occasionnellement ; 48 % se sont enivrés durant l'année (dont 17 % plus de
cinq fois).
L'ivresse est plus fréquente chez les garçons, en particulier pour les
états répétés (la proportion de garçons qui se sont enivrés plus de 5 fois
durant l'année est triple que celle des filles : 27 % et 9 %). Les élèves
de lycées professionnels (L.P.) sont plus concernés par cette conduite que
ceux de lycées d'enseignement général et technologique (L.E.G.T.), et les
internes plus souvent que les demi-pensionnaires et les externes (60 % des
internes se sont enivrés durant l'année, 50 % des demi-pensionnaires et 42
% des externes). Les élèves à faibles résultats scolaires ont été plus
nombreux en état d'ivresse durant l'année (66 %) que ceux qui ont des
résultats moyens (49 %) et ceux qui ont de bons résultats (45 %).
La recherche d'un état d'ivresse est une conduite qui touche une proportion
de lycéens qui s'accroît jusqu'à 18 ans, et se stabilise à cet âge. 50 %
des élèves fument : 34 % régulièrement (21 % : moins de 10 cigarettes par
jour, 13 % : 10 cigarettes et plus par jour).
Les élèves de L.P. sont plus fréquemment fumeurs que ceux de L.E.G.T., les
pensionnaires plus que les deux autres catégories. L'on a d'autant plus de
risques d'être fumeur que l'on a des résultats scolaires faibles. La
consommation des fille ne se distingue pas de celle des garçons.
La proportion de fumeurs, surtout de fumeurs réguliers, dans la population
des lycéens, augmente avec l'âge et se stabilise à 18 ans.
L'usage des diverses drogues touche les pourcentages ycéens suivants :
|Dérivés du cannabis |29,8 % |
|Produits à inhaler |5,7 % |
|Amphétamines |2,1 % |
|Cocaïne |1,9 % |
|Héroïne |1,7 % |
|Ecstasy - L.S.D. |3,4 % |
|Autres (1) |4,1 % |
66,5 % des lycéens n'ont utilisé aucune drogue durant l'année,
22,9 % n'ont fait usage que de haschich, soit 68,4 % de l'ensemble des
consommateurs de drogue,
2 % ont utilisé du haschich ainsi que d'autres drogues, soit 21,5 % de
l'ensemble
et 3,4 % ont utilisé d'autres drogues sans haschich, soit 10,1 % de
l'ensemble des usagers.
soit un total de 33,5 % de lycéens ayant consommé de la drogue
durant l'année.
Concernant la consommation de haschich, de marijuana (90 % des
consommateurs de drogues), 67,8 % des lycéens n'en ont jamais utilisé
durant l'année ; 9,4 % : 1 ou 2 fois ; 6,4 % : de 3 à 9 fois, et 14,0 % :
10 fois et plus (2,3 % non réponse).
Les élèves des deux filières se différencient peu quant à la consommation
de drogues. Les garçons sont beaucoup plus concernés (41 % d'entre eux ont
fait usage de drogues durant l'année), que les filles (27 %).
L'on a d'autant plus de risques d'être consommateurs que l'on a des
résultats scolaires faibles : 28 % des élèves qui ont de bons résultats
scolaires, 32 % de ceux qui ont des résultats moyens et 44 % de ceux qui
ont des résultats faibles. Les internes sont plus souvent concernés par
cette consommation (39 % d'entre eux), que les demi-pensionnaires (36 %) et
les externes (30 %).
Le proportion d'usagers de drogues augmente jusqu'à dix-sept - dix-huit
ans, et se stabilise à cet âge. C'est parmi les élèves les plus âgés (20
ans et plus) que l'on trouve les taux les plus élevés de consommateurs de
drogues autres que les dérivés du cannabis. L'usage de l'ecstasy se répand
régulièrement avec l'âge, passant de 1,9 % des 15 ans et moins, à 4,8 % des
18 ans et à 5,9 % des 20 ans et plus (ensemble : 3,4 %).
Tabac, alcool, drogues illicites sont des consommations que l'on retrouve
chez les mêmes individus. Ainsi 8 % de ceux qui ne fument jamais ont
consommé du haschich durant l'année, 37 % de ceux qui fument
occasionnellement, 56 % ; de ceux qui fument régulièrement moins de 10
cigarettes par jour et 69 % pour les plus gros fumeurs. 10 % des lycéens
qui ne se sont jamais enivrés durant l'année signalent qu'ils ont fait
usage de haschich ; cette consommation touche 73 % de ceux qui se sont
enivrés plus de cinq fois durant l'année.
L'engagement des lycéens dans des conduites délictueuses est d'autant plus
fréquemment rencontré que l'individu est consommateur de drogues. Ainsi,
par exemple : 1,1 % des élèves qui n'ont jamais consommé du haschich ont eu
l'occasion de faire du racket ; 5,2 % de ceux qui ont pris 10 fois et plus
de cette drogue ; 2,6 % des non consommateurs ont volé un élève, 14,5 %
pour les 10 fois et plus ; 14,8 % des non consommateurs se sont battus avec
un autre élève, 27,1 % pour les 10 fois et plus; 13,1 % des non
consommateurs ont insulté un adulte dans l'établissement, 36,8 % pour les
10 fois et plus ; 14,5 % des non consommateurs ont dégradé des matériels,
des locaux, et 39 % pour les 10 fois et plus.
***
L’attitude des Français envers les toxicomannes et la toxicomanie
Et maintenant je voudrais vous présenter un sondage publié le 17 décembre
1998 dans “ Le QUOTIDIEN DU MEDECIN” .
"La définition des toxicomanes"
"Pour vous personnellement, Les toxicomanes sont avant tout..."
| | Ensemble %|
| | |
| Des malades qu'il faut soigner |87 |
| Des délinquants qu'il faut punir |10 |
| Ni l'un, ni l'autre (ré spontanée)|2 |
| NSP |1 |
***
"La distinction entre drogues douces et drogues dures"
"Pour lutter contre la drogue, diriez-vous..."
| |Ensemble|
| | |
| |% |
| Qu'il faut faire une différence entre les drogues douces et |36 |
|les drogues dures, car ce sont des drogues de | |
|nature radicalement différentes | |
| Qu'il ne faut pas faire de différence entre drogues douces et|61 |
|drogues dures, car la consommation de drogues douces conduit | |
|souvent à celle de drogues dures | |
| NSP |3 |
"Le jugement sur des mesures de lutte contre la drogue et la toxicomanie"
"Pour chacune des mesures suivantes envisagées pour lutter aujourd'hui
contre la drogue et la toxicomanie, dites-moi si vous y êtes plutôt
favorable ou plutôt opposé ?"
| |Plutôt|Plutôt |NSP |
| | |opposé | |
| |favora|% |% |
| |ble | | |
| |% | | |
|Renforcer les actions policières contre les |94 |5 |1 |
|vendeurs de drogue | | | |
|Obliger les toxicomanes à se soigner |88 |11 |1 |
|Développer les prescriptions médicales de produits |72 |24 |4 |
|de substitution à l'héroïne pour les toxicomanes | | | |
|comme la méthadone | | | |
|Autoriser l'usage thérapeutique du cannabis pour |55 |40 |5 |
|certains grands malades | | | |
|Délivrer aux "grands drogués" de l'héroïne sous |39 |56 |5 |
|contrôle médical | | | |
***
Une société sans drogue, ça n'existe pas
"Nous savons aujourd'hui que meme si chaque substance a ses effets propres
qu'il ne s'agit pas de nier, tous les produits psychoactifs, qu'il s'agisse
de drogues illicites, d'alcool, de tabac, ou de médicaments, agissent sur
le cerveau selon des modalités comparables.
Nous savons également que les pratiques de consommation de ces produits ont
profondément évolué, ces dernière années, notamment chez les jeunes:
banalisation du cannabis expérimenté par un jeune sur trois, augmentation
des états d'ivresse répétés, maintien de la consommation de tabac à un
niveau élevé, baisse relative de la consommation d'héroine, augmentation de
celle de la cocaine, arrivée massive des drogues de synthèse, prise de
conscience des pratiques de dopage, recours de plus en plus fréquent aux
médicaments psychotropes, polyconsommation associant produits licites et
illicites, extreme fréquence de la dépendance à plusieurs produits.
Nous savons enfin que les comportements de consommation et les contextes
d'usage sont plus déterminants que les produits eux-memes pour apprécier la
dangerosité d'une situation.
C'est pour tenir compte de l'ensemble de ces éléments que le gouvernement
français vient d'adopter un nouveau plan triennal de lutte contre la drogue
et de prévention des dépendances qui concerne aussi bien les drogues
illicites, que le tabac, l'alcool et les médicaments psychotropes.
Ce plan fait de l'information et de la communication en direction du grand
public, un axe essentiel.
En effet, alors que la politique de lutte contre la drogue fait l'objet
depuis plus de 20 ans, de débats passionnés, la faiblesse de l'information
mise à disposition du grand public a laissé la place à des messages
d'origines diverses, dispersés, partiels, parfois inexacts et souvent
contradictoires.
Cette situation a renforcé les malentendus, les inquiétudes, les peurs, et
surtout l'impression d'impuissance, de sorte que les attitudes face aux
comportements de consommation de substances psychoactives oscillent encore
trop souvent entre indifférence dommageable et dramatisation excessive.
Il est vrai que, pendant longtemps, nous savions peu de choses. Et si,
depuis quelques années, nous disposons de données épidémiologiques,
pharmacologiques, neurobiologiques, sociologiques beaucoup plus nombreuses
et fiables, elles ont été peu diffusées au delà du cercle étroit des
spécialistes.
Ce déficit d'information est d'autant plus genant que les données évoluent
très vite. La mise en circulation régulière de nouveaux produits ou les
combinaisons inédites de substances impliquent une mise à jour permanente.
Il n'y a pas de société sans drogues, il n'y en a jamais eu. Il n'y a pas
de solution miracle, ni en France, ni dans aucun pays. Mais il y a beaucoup
de réponses efficaces, et l'efficacité de ces réponses (de la prévention au
traitement, à la réduction des risques, de la répression du trafic à celui
de l'usage) est directement proportionnelle à la capacité de l'ensemble de
la société (et non seulement des spécialistes) à affronter, comprendre et
partager les memes enjeux.
Aujourd'hui la connaissance est une arme qui permet de prévenir et de
diffuser une culture de la responsabilité à tous les étages de la société.
La bibliographie
> RICHARD (D.), SENON (J-L.), Dictionnaire des drogues, des toxicomanies et
des dépendances, Paris, Larousse, 1999, 433 p.
> FRYDMAN (N.), MARTINEAU (H.), La drogue : où en sommes-nous ? Bilan des
connaissances en France en matière de drogues et de toxicomanies, Paris,
1998, 417 p.
> OFDT, Drogues et toxicomanies : Indicateurs et tendances - Edition 1996,
Paris, 1997
> OFDT, Drogues et toxicomanies : répertoire des sources statistiques,
Paris, 1997
> OGIEN (A.), MIGNON (P.), La demande sociale de drogues, DGLDT, La
Documentation française, Paris, 1994.
> EHRENBERG (A.), Penser la drogue penser les drogues, Editions Descartes,
Paris, 1992
> J.BERGERET , Les Toxicomanes parmi les autres , O.Jacob 1990
> ROQUES (B.), La dangerosité des drogues : rapport au secrétariat d'État
à la Santé, Paris, 1999
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